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JEAN CLAVERET

(1590-1666)


Jean Claveret, auteur dramatique contemporain de Corneille, n'est connu que par sa participation, en 1637, à la "querelle du Cid" et par les invectives que lui adressa Corneille à cette occasion. Pourtant cet avocat orléanais est l'auteur de quelques pièces de théâtre, dont trois seulement sont parvenues jusqu'à nous.

Il est né à Orléans vers 1590 (1) et il est mort en 1666, peut-être à Orléans (2).

Il était peu fortuné et d'une origine modeste, du moins si on en croit les invectives que Corneille ou de ses amis proférèrent contre lui : il y est dit que ses parents lui "ont laissé pour tout héritage la science de bien tirer des bottes" (3)  et que "dans ses plus grandes ambitions, il n'a jamais prétendu au-delà de sommelier dans une médiocre maison" (4), faisant partie toutefois de "ceux qui s'efforcent à se tirer de la boue et se veulent élever au-dessus de leur naissance" (5). On n'a trouvé dans les archives locales aucun document qui permettre d'éclairer ces méchantes allusions. (6)

Ce qu'on sait, c'est qu'il eut finalement le titre d'"avocat en la Cour de Parlement de Paris", ce qui laisse penser qu'il avait fait ses études de droit à Orléans avant de s'installer à Paris.

LES DÉBUTS DE CLAVERET AU THÉÂTRE AVEC CINQ COMÉDIES

Quand il eut atteint la quarantaine, dans les années 1630-1633, Claveret s'engagea dans une carrière théâtrale.

Vers 1630, il fit jouer sur le théâtre de l'Hôtel de Bourgogne Angélie ou l'Esprit fort, une comédie qui ne fut publiée qu'en 1637 par François Targa, l'éditeur de la Mélite de Corneille.

Après Angélie, Claveret prépara quatre autres pièces, dont le texte, n'ayant pas été imprimé, est maintenant perdu.
La première, La Visite différée (7), fut représentée à l'Hôtel de Bourgogne. Nous avons conservé les notes prises par le décorateur : « Il faut que le théâtre soit en maison et rue, ornements de frise, balustres et autre peinture à la fantaisie du feinteur. Il faut une épée qui se rompt par le milieu, les armoires d'un mort, une lettre, deux habits de deuil, et encore deux autres habits de deuil pour les deux laquais. » (8)

En juin 1633, La Place Royale fut jouée devant Louis XIII et la Cour, dans la ville thermale de Forges (9). Elle figura aussi au répertoire du théâtre de l'Hôtel de Bourgogne, dont le décorateur a laissé des notes qui permettent d'imaginer le décor. C'était un « décor simultané » à compartiments, caractéristique du théâtre baroque : au milieu, le pavillon central de la place Royale à Paris (actuelle place des Vosges), au-delà duquel on aperçoit le couvent des Minimes ; à droite et à gauche de la scène, une salle garnie de tables et de sièges (9). Selon Claveret, cette pièce eut un bon succès : « J'en ai reçu tout le contentement que j'en pouvais légitimement attendre ; les honnêtes gens qui se rendirent en foule à ses représentations ont honoré de quelques louanges l'invention de mon esprit. J'ajouterai qu'elle eut la gloire et le bonheur de plaire au Roi étant à Forges. »

Pour la visite royale de juin 1633 dans la ville d'eaux normande, Claveret composa une autre pièce, intitulée Les Eaux de Forges. Mais le comédien Montdory, alors présent à Forges, refusa de la jouer, parce que, dirent les malveillants, « le sujet, la conduite et les vers ne valaient rien du tout » (10). Toutefois le dramaturge Jean Mairet rectifia en rappelant qu'en réalité Montdory  et sa troupe « firent difficulté de la prendre par la discrète crainte qu'ils eurent de fâcher quelques personnes de condition qui pouvaient reconnaître leurs aventures dans la représentation de cette pièce. » (11)

Enfin, une autre pièce de Claveret, Le Pèlerin amoureux (12), semble contemporaine de La Pèlerine amoureuse de Rotrou. Corneille, qui en parlera trois ans plus tard, dira n'avoir entendu que du "galimatias".

LA QUERELLE ENTRE CLAVERET ET CORNEILLE

Dès 1630, Claveret se posait en rival de Corneille, puisqu'il faisait jouer son Angélie à l'Hôtel de Bourgogne alors que Montdory montait sa Mélite au Marais.

Les premiers rapports entre Claveret et Corneille.

Dans les années 1633-1634, les rapports étaient encore bons entre Claveret, déjà auteur de cinq pièces, et Pierre Corneille, avocat lui aussi, qui s'était fait connaître à Paris comme auteur de six comédies avec Mélite, Clitandre, La Veuve, La Galerie du Palais, La Suivante et La Place Royale.

Certes Claveret apprécia peu que Corneille ait repris son titre pour cette dernière comédie ; il considéra même cela comme une véritable malveillance de la part de son jeune confrère qui, selon lui, aurait vu d'un mauvais œil les premiers succès d'un rival. Mais cela ne l'empêcha pas de donner à Corneille, en 1634, une douzaine de vers d'hommage pour son édition de La Veuve. Conformément à la loi du genre et au goût du temps, il voulut y montrer son esprit, en jouant sur le titre de la pièce : comment un homme promis à l'immortalité, comme Corneille, aurait-il pu laisser une "veuve" ?

Epigramme à Monsieur Corneille sur sa Veuve

La Renommée est si ravie
Des mignardises de tes vers
Qu'elle chante par l'univers
L'immortalité de ta vie.
Mais elle se trompe en un point,
Et voici comme je l'épreuve:
Un homme qui ne mourra point

Ne peut jamais faire une Veuve.
Quoique chacun en soit d'accord
Il faut bien que du Ciel ce beau renom te vienne
Car je sais que tu n'es pas mort,
Et toutefois j'adore et recherche la tienne.

Claveret

Pendant quelques années, Claveret ne produisit plus rien, alors que Corneille poursuivait sa carrière au théâtre avec Médée, L'Illusion comique et Le Cid.

L'auteur du Cid est accusé de plagiat

Cette dernière pièce, donnée par la troupe de Montdory en janvier 1637, suscita très vite des critiques, car on y vit un démarquage d'une pièce espagnole de Guillem de Castro (13).

Cette accusation piqua au vif Corneille, car il se souvenait de la polémique qui, dix ans plus tôt, s'était engagée à propos des Lettres de son ami Guez de Balzac, lui-même accusé de plagiat. L'instigateur de cette accusation avait été un moine feuillant de l'abbaye Saint-Mesmin de Micy, près d'Orléans, le frère André de Saint-Denis, qui avait publié en 1627 un ouvrage intitulé La conformité de l'éloquence de M. de Balzac avec celle des plus grands personnages du temps passé et du présent, ouvrage dans lequel il énumérait tous les passages des Lettres de Balzac qui n'étaient que des plagiats.

Or c'est ce même André de Saint-Denis qui, bien involontairement, se trouva à l'origine de la polémique qui allait se développer à propos du Cid, en demandant à Corneille de lui écrire texte d'une chanson qu'il mettrait lui-même en musique. Corneille repoussa sèchement la requête de l'impertinent Orléanais qui avait osé s'attaquer à Guez de Balzac : cent vers, dit-il, lui coûtent moins à écrire que deux mots de chanson. Et il développa son refus dans une pièce de vers intitulée Excuse à Ariste (Ariste était le pseudonyme littéraire du frère André de Saint-Denis), pièce dans laquelle il étala son immense orgueil et le dédain que lui inspiraient ses rivaux. On peut citer en exemple le passage suivant :

Je satisfais ensemble et peuple et courtisans
Et mes vers en tous lieux sont mes seuls partisans
Par leur seule beauté ma plume est estimée
Je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée
Et pense toutefois n'avoir point de rival
A qui je fasse tort en le traitant d'égal.

La publication de cette Excuse à Ariste indisposa ceux qui se posaient alors en rivaux de Corneille, en particulier Jean Mairet, auteur de Sylvie et de Sophonisbe, ainsi que Jean Claveret. Mairet et Claveret s'entendirent pour diffuser dans Paris un pamphlet de six strophes, signé du pseudonyme  « Don Baltazar de la Verdad », qui accusait l'auteur du Cid de plagiat. Le titre était L'auteur du vrai Cid espagnol à son traducteur français sur une lettre en vers qu'il a fait imprimer intitulée Excuse à Ariste où, après cent traits de vanité, il dit en parlant de soi-même "Je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée". Dans ce poème, c'est Guillem de Castro qui est censé s'adresser à Corneille. Il dénonce l'imposture et termine ainsi :

Ingrat, rends-moi mon Cid jusques au dernier mot.
Après tu connaîtra, Corneille déplumée,
Que l'esprit le plus vain est souvent le plus sot
Et qu'enfin tu me dois toute ta renommée.

Claveret est engagé dans la "querelle du Cid"

Claveret fit ce qu'il put pour faciliter la circulation dans tout Paris du méchant poème. La chose est certaine, même s'il s'en défendit hypocritement en écrivant à Corneille : « J'ai découvert qu'on vous avait fait croire que j'avais contribué quelque chose à la distribution des premiers vers qui vous furent adressés sous le nom de "Vrai Cid espagnol" et qu'y voyant votre vaine gloire si judicieusement combattue, vous n'aviez pu vous empêcher de pester contre moi, parce que vous ne saviez à qui vous en prendre. Je ne crois pas être criminel de lèse-amitié pour en avoir reçu quelques copies comme les autres et leur avoir donné la louange qu'ils méritent. »

Corneille ne fut pas dupe, et il rédigea sur le champ un Rondeau venimeux contre Mairet et son complice :

Qu'il fasse mieux, ce jeune jouvencel
À qui le Cid donne tant de martel,
Que d'entasser injure sur injure,
Rimer de rage une lourde imposture
Et se cacher ainsi qu'un criminel.
Chacun connaît son jaloux naturel,
Le montre au doigt comme un fou solennel
Et ne croit pas, en sa bonne écriture
Qu'il fasse mieux.
Paris entier, ayant lu son cartel,
L'envoie au diable, et sa muse au bordel.
Moi, j'ai pitié des peines qu'il endure
Et, comme ami, je le prie et conjure,
S'il veut ternir un ouvrage immortel,
Qu'il fasse mieux.
Omnibus invides, livide, nemo tibi. (14)

Ce rondeau que, selon Claveret, « les honnêtes femmes ne sauraient lire sans honte » (à cause sans doute du mot "bordel"), précéda de peu la publication, par Scudéry, de ses Observations sur le Cid, dans lesquelles il montre que « presque tout ce qu'il a de beautés sont dérobées ».

Corneille répondit en faisant répandre dans Paris une Lettre apologitique du Sr Corneille contenant sa réponse aux observations faites par le Sr Scudéry sur le Cid.

Claveret, insulté par Corneille, se défend

Dans cette Lettre apologitique, Corneille, au milieu de ses attaques virulentes contre son accusateur, plaça une allusion perfide à Claveret : « Il n'a pas tenu à vous que, du premier lieu où beaucoup d'honnêtes gens me placent, je ne sois descendu au-dessous de Claveret ».

Claveret prit fort mal la chose et publia aussitôt une Lettre du Sr Claveret contre une invective du Sr Corneille, soit disant auteur du Cid. Il déplore d'abord la méthode qu'a choisie Corneille pour poursuivre la polémique : « J'étais tout prêt de vous signer que vous êtes plus grand poète que moi, sans qu'il fût nécessaire que vous empruntassiez les voix de tous les colporteurs du Pont-Neuf pour le faire éclater par toute la France. Je suis marri que je sois réduit à cette honteuse nécessité de faire voir ma lettre par les mêmes voies dont vous avez usé pour débiter vos invectives ». Dans son texte, Claveret reprend à son compte les accusions de plagiat : « Cette rare comédie espagnole vous tellement aidé que les moins habiles mêmes remarquent aisément que vous n'en êtes que le traducteur et le copiste. » Il reproche alors à la « Corneille déplumée » son « arrogance insupportable » qui ne tolère aucune critique. Il rappelle que lui, Claveret, a été le premier à écrire une Place Royale, que cette pièce a été jouée devant le roi et que Corneille n'a fait que lui voler ce titre « pour éteindre ce peu de lumière avec laquelle [il] essayait de se faire connaître ». Il fait allusion à la noblesse de Corneille qui ne date que de quelques mois et à l'inélégance de son attitude à l'égard des ses rivaux. Enfin, il passe à l'injure directe : « Reconnaissez que vous êtes en prose le plus impertinent de ceux qui savent parler, que la froideur et la stupidité de votre esprit sont telles que votre entretien fait pitié à ceux qui souffrent vos visites et que, pour le regard des belles-lettres, vous passez dans le beau monde pour le plus ridicule de tous les hommes. » (15)

Corneille répliqua, ou fit répliquer, par une lettre intitulée L'Ami du Cid à Claveret. Il y manifeste son mépris pour l'impertinent, affirme que les pièces qu'il a produites — le Pèlerin amoureux, la Place Royale, les Eaux de Forges — se caractérisent par leur nullité et leur galimatias et, finalement, il conseille à Claveret de ne pas de mêler de choses qui excèdent sa petite compétence : « Il me semble que vous chantez bien haut, Monsieur Claveret. […] Vraiment cela est bien ridicule que vous, à qui vos parents ont laissé pour tout héritage la science de bien tirer des bottes, vous vouliez écrire, et faire comparaison avec un des plus grands hommes de notre siècle pour le théâtre. […] Et pour couronnement de chef-d'oeuvre, vous faites une mauvaise lettre où vous tranchez du censeur, et, si je ne me trompe, du vaillant. Taisez-vous, Monsieur Claveret, taisez-vous, et vous souvenez que vous ne pouvez être ni l'un ni l'autre, et que votre personne est si peu considérable que vous ne devez jamais croire que M. Corneille ait eu envie de vous choquer. […] Les sottises de votre lettre fâchent tous les honnêtes gens; cela vous rend bernable par tout pays; que tout ce qu'elle contient est trop plat et trop peu fort pour donner la moindre atteinte au Cid, ni faire croire que M. Corneille en soit seulement le copiste, comme vous dites. »

La querelle entre Corneille, Scudéry et Claveret s'exacerbait avec une telle intensité qu'elle nuisait à la réputation des trois auteurs. Parut même un libelle intitulé Victoire du sieur Corneille, Scudéry et Claveret, avec une remontrance par laquelle on les prie aimablement de n'exposer ainsi leur renommée à la risée publique, libelle dont nous n'avons pas le texte.

Corneille multiplie les pointes contre Claveret

Mairet ayant fait circuler une Lettre à *** sous le nom d'Ariste, Corneille répondit (ou fit répondre) par une Lettre pour Monsieur de Corneille contre les mots de la Lettre sous le nom d'Ariste "Je fis donc résolution de guérir ces idolâtres". C'est dans cette lettre que l'on trouve une allusion à la fonction de sommelier : « Claveret a été le premier qui s'est éveillé, qui, dans ses plus grandes ambitions, n'a jamais prétendu au-delà de sommelier dans une médiocre maison; encore je lui fais beaucoup d'honneur. »

Dans une Réponse de *** à *** sous le nom d'Ariste, Corneille parle ironiquement de ce "très fameux et très célèbre auteur, Monseigneur Claveret". Puis une Lettre du désintéressé au sieur Mairet reprend les attaques contre Claveret, avec, encore une fois, une allusion perfide et peu claire à la fonction de sommelier qu'il aurait exercée : « M. Corneille connaît trop les bonnes choses pour aller les chercher chez M. Claveret, où il y a si peu de butin à piller. Ce n'est pas que je veuille mépriser M. Claveret; au contraire, j'estime ceux qui, comme lui, s'efforcent à se tirer de la boue et se veulent élever au-dessus de leur naissance. Mais aussi ne faut-il pas qu'il se donne trop de vanité. Il a bonne grâce à se donner l'estrapade [se torturer l'esprit] pour mettre M. Corneille au-dessous de lui et à reprocher aux Normands que, pour être accoutumés au cidre, ils s'enivent facilement lorsqu'ils boivent du vin. Il sait le contraire par expérience, après en avoir versé plusieurs fois à M. Corneille, ce qu'il ne peut pas nier, non plus que ç'a été l'envie qui lui a mis la main à la plume, puisqu'il avoue que l'auteur de Cid, en l'attaquant, avait perdu sa réputation comme les mouches qui perdent leur aiguillon en piquant. Confesse-t-il pas que la seule gloire de M. Corneille a fait prendre l'essor à sa plume? Que je le tiendrais heureux si ce noble aiguillon lui était demeuré et s'il s'était enrichi d'une si belle dépouille! Il doit remercier celui qui l'a mis au nombre des poètes, quoiqu'il l'ait mis au dernier rang : c'est plus qu'il ne devait prétendre raisonnablement. Je ne touche point son extraction et je ne tiens pas qu'un honnête homme doive offenser toute une famille pour la querelle d'un particulier. »

Enfin, dans un Avertissement au besançonnais Mairet, Corneille ne put s'empêcher de lancer encore quelque pointes contre Claveret : « Vous êtes aussi savant en injures que votre ami Claveret et tous les crocheteurs de Paris. […] Le seigneur Claveret est un homme à chérir: il peut faire fortune et son  horoscope lui promet beaucoup, puisque vous aspirez déjà à être un jour de ses domestiques. »

Devant toutes ces attaques, Mairet crut bon, au début de juillet 1637, de publier une défense de son ami Claveret dans une Réponse à l'Ami du Cid sur ses invectives contre le sieur Claveret. (16)

CLAVERET ET L'ANTIQUITÉ

Après cette "querelle" — qui, finalement, allait lui permettre de passer à la postérité — Claveret se consacra aux études classiques. Il en sortit une "tragédie" et plusieurs traductions.

Claveret écrivit d'abord Le Ravissement de Proserpine ("tragédie" qui fut publiée en 1639, rééditée en 1640). Dans cette pièce, il met sur le théâtre une légende de la mythologie grecque, celle de l'union d'Hadès et de Perséphone

Écrasé par les succès de Corneille qui, après le Cid, avait fait imprimer Horace et Cinna, Claveret, pendant plus de vingt ans, cessa d'écrire pour le théâtre et se consacra à des traductions d'auteurs latins, vraisemblablement pour en faire une source de revenus. Il traduisit :
— Cicéron (Dialogues de la Vieillesse et de l'Amitié, réédité en 1646),
— Valère-Maxime (Valère-Maxime traduit en français par le sieur de Claveret, chez la Vve Camusat et P. le Petit, 1647, rééd. en 1656, 1665 et 1700),
— Cornélius Népos (Vies des plus illustres généraux d'armée grecs et romains, traduites du latin de Cornélius Népos, par le Sr de Claveret, chez P. Bienfait, 1663).

CLAVERET REVIENT AU THÉATRE

Le retour de Claveret au théâtre se fit avec une pièce intitulée Le Roman du Marais, dont nous ne savons rien, mais qui daterait de 1661 (17).

Puis il s'inspira d'un élément d'actualité pour composer une dernière comédie, L'Écuyer ou les faux nobles mis au billon.Cette comédie ne fut pas représentée, l'auteur étant alors éloigné de Paris (il était peut-être revenu à Orléans) ; elle fut seulement imprimée en 1665.


NOTES

(1) Lancaster (A History of French dramatic litterature in the seventeenth century…) propose plutôt la date de 1600.

(2) En 1665, son libraire dit qu'il se trouve à quarante lieues de Paris, ce qui est la distance entre Paris et Orléans.

(3) « L'Ami du Cid à Claveret », dans Œuvres de Corneille, éd. des Grands Écrivains de la France, tome III, page 53. Corneille, dénonçant la médiocité du théâtre de Claveret, évoque la formule Ne sutor ultra crepidam (un bottier ne doit pas aller au-delà son seul domaine de compétence, la chaussure).

(4) « Lettre pour M. de Corneille contre ces mots de la lettre sous le nom d'Ariste : Je fis donc résolution de guérir ces idolâtres », dans Œuvres de Corneille, tome III, page 57.

(5) « Lettre du Désintéressé au sieur Mairet », dans Œuvres de Corneille, tome III, page 62.

(6) Des recherches faites par Colette Scherer confirment qu'on ne ne trouve pas trace de Claveret dans les archives paroissiales d'Orléans.

(7) Son titre est cité dans le Mémoire de Mahelot et dans le Privilège de L'Esprit fort.

(8) Folio 67 v° du Mémoire de Mahelot, Laurent et d'autres décorateurs (publié par H. Carrington Lancaster, Champion, 1920). . Le roi arriva le 15 juin, Anne d'Autriche et Richelieu le rejoignant quelques jours plus tard. Voir F. Bouquet, « Louis XIII et sa cour aux eaux de Forges », Revue des Sociétés savantes des départements, 2e série, t.I, p. 611-642 - cité dans Marty-Laveaux, Oeuvres de Corneille, X, 64 - Renaudot, Gazette, 22 juin 1663.

(9) Mémoire de Mahelot : « Le feinteur doit faire paraître sur le théâtre la Place royale ou l'imiter à peu près et faire paraître un pavillon au milieu du théâtre, où sont les armes du roi, et, sous le pavillon, au travers de l'arche, faire paraître les Minimes. A un des côtés de la place, une fenêtre où paraît quelqu'une; et, aux deux côtés du théâtre, deux salles garnies de tables et tapis, sièges, chandeliers, chandelles. Dans une desdite chambre, l'on porte de la lumière en un temps. Il faut une écritoire, des plumes, du papier. Il faut encore un bouquet de fleurs beau, un verre plein d'eau. Il faut aussi un sac, un carreau [coussin] pour une dame, qui doit être accompagnée d'un page qui porte ledit sac et le carreau. Plus un habit de suisse et une hallebarde et des lettres. Au premier acte, une nuit. » [folio 61 v°]

(10) L'Ami du Cid à Claveret.

(11) Réponse à l'Ami du Cid (p. 45 de l'Épître familière du Sr Mayret).

(12) La pièce est citée, en 1637, dans L'Ami du Cid à Claveret.

(13) Voir La Querelle du Cid, pièces et pamphlets publiés d'après les originaux, 1898.

(14) "Toi, jaloux, tu portes envie à tout le monde et personne à toi." (Martial , I, 41)

(15) Il existe une autre Lettre du sieur Claveret à Monsieur de Corneille, fort maladroite, qui est sans doute l'œuvre d'un médiocre auteur qui s'est servi du nom de Claveret pour attaquer Corneille.

(16) Publiée à la suite de Épître familière de Sr Mairet au Sr Corneille sur la tragi-comédie du Cid.

(17) Elle est citée par Samuel Chappuzeau, Le théâtre français, 1674, p. 67-68 et par Pierre François Godard de Beauchamps, Recherches sur les théâtres de France, 1735, II, p.168-171.


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