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Charles Barbara

VIEILLE HISTOIRE


RÉSUMÉ :

Il s'agit d'une histoire racontée par un certain Anselme dans un cercle d'amis venant chacun à leur tour pour lire des contes de leur invention.

Revenant de voyage, j'appris qu'un jeune locataire de la maison où j'habitait, M. Paul, s'était pendu à un crochet près du toit, et cela à cause de ma voisine Mme Clémence, une belle paysanne normande, qui, après après avoir eu plusieurs aventures dans son pays, était venue à Paris où elle était entretenue par un homme riche, professeur dans une faculté, qui était fou d'elle et qu'elle appelait Monsieur.

Je ne tardai pas à connaître les détails de l'affaire. En effet cette dame Clémence, qui ne savait guère lire et moins encore écrire, me pria un jour de rédiger pour elle une lettre : il s'agissait de congédier un sergent-major qui, tombé amoureux d'elle, lui proposait le mariage. Cela me donna l'occasion de la voir souvent ensuite et c'est ainsi que je sus  ce qui s'était passé entre elle et ce Paul qui s'était suicidé.

Paul était un étudiant en droit qui habitait le logement voisin. D'abord agacée par son indifférence, elle décida de tout faire pour le troubler. Elle n'y réussit que trop bien et le garçon timide devint follement amoureux. Elle devint sa maîtresse, faisant croire à Monsieur que Paul était un de ses parents.

Mais, après trois mois, elle se lassa de ce garçon qui lui vouait une passion exclusive et qui, jaloux, exigeait qu'elle refuse sa porte à son Monsieur. Le jour où elle lui fit comprendre qu'elle voulait mettre fin à leur liaison, le garçon affirma que, si elle venait à ne plus l'aimer, il se pendrait au crochet du toit qu'on voyait entre leurs deux fenêtres.

Mais Clémence avait maintenant jeté son dévolu sur son coiffeur, Achille, un fort garçon de 28 ans, et elle refusa désormais sa porte à son étudiant. Pourtant, un soir, celui-ci réussit à se cacher dans la chambre de Clémence alors qu'elle y était avec son nouvel amant et il eut la douleur de les entendre se moquer de la lettre délirante qu'il lui avait écrite. Rendu furieux, il affronta Achille qui, sans ménagement, le jeta dehors. Pensant s'en être débarrassés, Clémence et Achille se couchèrent. C'est alors qu'ils entendirent des bruits suspects sur le toit, mais sans comprendre ce dont il s'agissait. C'est seulement au matin que Clémence, restée seule, découvrit le corps de Paul pendu au crochet.

Trois ans plus tard, dans un train qui allait de Paris à Rouen, je revis Mme Clémence plus florissante que jamais. Monsieur s'était marié et lui avait donné 30.000 francs comme cadeau de rupture. Elle même s'était mariée à un brave homme, avait eu un bel enfant et vivait de ses rentes en Normandie. Faut-il la rendre responsable du malheur dont elle était indirectement la cause ?


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