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Charles Barbara

LES JUMEAUX


La nouvelle de Barbara met en parallèle les destinées de deux frères jumeaux, Joseph et Théodore, destinées à la fois semblables et différentes puisque Joseph, le narrateur, finira sur l'échafaud et que Théodore épousera la femme qu'il aimait.

Théodore, adolescent, avait été pris en charge par son parrain, un commerçant qui en fit bientôt son caissier et lui promit la main de sa fille Hortense. Pourtant, en attendant de se marier, Théodore prit pour maîtresse une prostituée, que son amant en titre lui céda sans trop de difficultés. Mais la fille ne tarda pas à le ruiner par ses folles dépenses. Incapable de rompre avec elle, Théodore prit mille francs dans la caisse de son parrain, espérant pouvoir bientôt rembourser cette somme : la fille s'empara de l'argent avant de disparaître. La patron de Théodore s'en aperçut et le retrograda au rang de simple commis, avant, finalement de lui accorder son pardon. Mais un commis, Eugène T… ne cessait de le persécuter. Excédé, Théodore le provoqua en duel et le tua. Mais le tribunal, finalement, l'acquitta pour ce meurtre.

Joseph, adolescent, commença, lui, comme commis dans l'épicerie de sa soeur aînée Augustine, une femme froide et intéressée. Il fit ensuite son apprentissage chez un serrurier et accomplit son tour de France comme compagnon. Tombé amoureux de la soeur d'un camarade d'atelier, la mort de la jeune fille le perturba définitivement. Comme son frère, il eut alors une liaison avec une prostituée, malgré la honte que cette situation lui inspirait. Un jour, il se fit traiter de maquereau par un homme avec lequel il se battit et qui, en trébuchant, se cassa une jambe. Pour cela Joseph fut condamné à un mois d'incarcération et à une forte amende. A sa sortie de prison, il fut repris dans l'entreprise de son patron qui avait de l'estime pour lui. Un jour celui-ci l'envoya chez plusieurs clients pour se faire payer plusieurs factures. Alors qu'il revenait de cette tournée avec 300 francs dans ses vêtements, il rencontra sa maîtresse qui était en compagnie de quelques amis, dont il aurait dû se méfier. Ceux-ci le firent boire et profitèrent de son ivresse pour lui dérober son argent. Le lendemain, fou d'inquiétude, il essaya d'obtenir cet argent de sa soeur Augustine, qui refusa. Poussé par son patron, il se rendit alors à la police. Lors de son procès, tout plaida contre lui : ses mauvaises fréquentations, sa concubine qui était une fille publique, et le fait qu'il avait été condamné pour avoir brisé la jambe d'un père de famille. Il fut condamné à  cinq ans de prison et dix ans de surveillance à Beaugency. Une fois libéré, pour gagner sa vie, il loua un orgue de barbarie à un Piémontais, Féretti; mais celui-ci l'exploita et il dut le quitter. Alors que, grâce à une servante d'auberge, il avait trouvé une place chez un serrurier, Feretti, pour se venger, révéla à son patron qu'il avait embauché un repris de justice. Furieux, Joseph le provoqua et, au cours d'une bagarre au couteau près de la Loire, Feretti fut tué et Joseph s'enfuit. Traqué, il se livra et son procès aboutit à une condamnation à mort.

Le jour même de l'exécution de Joseph, son frère jumeau Théodore épousera sa fiancée  Hortense. Et Joseph, après avoir mis en lumière les points communs entre ce qu'ils avaient vécu, lui et son frère, conclut : « Pour avoir vécu dans un autre milieu, après avoir connu des fautes analogues aux miennes, il a pu se repentir et trouver son pardon où j'ai rencontré l'échafaud. »

 


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