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AUX ENFERS, TITYOS, PUNI POUR AVOIR VOULU VIOLER LATONE, A SES ENTRAILLES DÉVORÉES PAR UN VAUTOUR


MBAO-2008.0.264

Le supplice de Tityus, gravure anonyme d'après Michel-Ange et N. Béatrizet (milieu du XVIe siècle)

LA LÉGENDE :

Elara, la fille du riche Minyas, d'Orchomène en Béotie, était enceinte de Zeus. Celui-ci, craignant la jalousie de son épouse Hèra, cacha Elara dans les profondeurs de la terre. Et c'est de la terre que sortit, à sa naissance, Tityos, un géant monstrueux.
Ensuite c'est Léto qui, elle aussi enceinte de Zeus, mit au monde Artémis et Apollon. Alors, pour se venger, Héra inspira au monstrueux Tityos le désir de violer cette Léto. Celle-ci fut sauvée par Zeus qui foudroya Tityos et le plongea dans les Enfers, où deux vautours (ou deux aigles) lui rongeaient le foie, qui renaissait sans cesse selon les phases de la lune.


Le dessin original est de Michel-Ange : Tityos est attaché sur un rocher entouré d'eau :

Il a été repris et complété par Nicolas Béatrizet qui a ajouté une architecture inspirée du forum de Nerva à Rome

 


TEXTES

HOMERE, Odyssée, XI, 576-580

Καὶ Τιτυὸν εἶδον, Γαίης ἐρικυδέος υἱόν,
κείμενον ἐν δαπέδῳ· ὁ δ᾽ ἐπ᾽ ἐννέα κεῖτο πέλεθρα,
γῦπε δέ μιν ἑκάτερθε παρημένω ἧπαρ ἔκειρον,
δέρτρον ἔσω δύνοντες, ὁ δ᾽ οὐκ ἀπαμύνετο χερσί·
Λητὼ γὰρ ἕλκησε, Διὸς κυδρὴν παράκοιτιν.
Et je vis Tityos, fils de la noble Terre. Il gisait sur le sol et couvrait neuf arpents. Un coupe de vautours, posés à ses deux flancs, lui déchirait le foie et fouillait ses entrailles; et ses mains ne pouvaient les écarter de lui. Il avait assailli la compagne de Zeus, l'auguste Léto.

LUCRECE, De Natura rerum, III, 984-994 [Pour lui, l'enfer n'est pas sous terre mais dans la vie]

Nec Tityon uolucres ineunt Acherunte iacentem
Nec quod sub magno scrutentur pectore quicquam
Perpetuam aetatem possunt reperire profecto.
Quam libet immani proiectu corporis exstet,
Qui non sola nouem dispessis iugera membris
Optineat, sed qui terrai totius orbem,
Non tamen aeternum poterit perferre dolorem
Nec praebere cibum proprio de corpore semper.
Sed Tityos nobis hic est, in amore iacentem
Quem uolucres lacerant atque exest anxius angor
Aut alia quauis scindunt cuppedine curae.
Il n'y a pas de Tityos gisant dans l'Achéron, déchiré par des oiseaux; et ceux-ci, d'ailleurs, dans sa vaste poitrine ne sauraient trouver de quoi fouiller pendant l'éternité. Si effroyable que fût la grandeur de son corps étendu, quand même, au lieu de ne couvrir que neuf arpents de ses membres écartelés, il occuperait la terre tout entière, il ne pourrait pourtant endurer jusqu'au bout une douleur éternelle, ni fournier de son propres coprs une pâture inépuisable. Mais, pour nous, Tityos est sur terre: c'est l'homme vautré dans l'amour que les vautours de la jalousie déchirent, que dévore une angoisse anxieuse ou dont le coeur se fend dans les peines de quelque autre passion.

VIRGILE, Énéide, VI, 595-600

Nec non et Tityon, Terrae omniparentis alumnum,
cernere erat, per tota nouem cui jugera corpus
porrigitur, rostroque immanis uoltur obunco
immortale iecur tondens fecundaque poenis
uiscera rimaturque epulis habitatque sub alto
pectore, nec fibris requies datur ulla renatis.
Et lui aussi Tityos, nourrisson de la Terre qui tout enfante, on pouvait le voir. Son corps s'étend sur neuf jugères complets et, de son bec recourbé, un monstrueux vautour rongeant son foie immortel et ses viscères féconds en châtiments, à la fois le fouille pour ses festins et habite sous sa profonde poitrine, aucun repos n'est donné à ses fibres une fois reconstituées.

OVIDE, Métamorphoses, IV, 457-459

Sedes scelerata uocatur.
Viscera praebebat Tityos lanianda, nouemque
iugeribus distractus erat.
Ce lieu se nomme le séjour du crime; là Tityos présentait ses entrailles à déchirer, le corps étendu sur neuf arpents.

APOLLODORE, Bibliothèque, I, 4, 1 [Pour lui, ce sont les enfants de Latone, Apollon et Artémis, qui tuèrent à coups de flèches Tityos, qui avait voulu violer leur mère. Et ce sont des vautours, et non des aigles, qui lui rongent non pas le foie, mais le coeur.]

Κτείνει δὲ μετ᾽ οὐ πολὺ καὶ Τιτυόν, ὃς ἦν Διὸς υἱὸς καὶ τῆς Ὀρχομενοῦ θυγατρὸς Ἐλάρης, ἣν Ζεύς, ἐπειδὴ συνῆλθε, δείσας Ἥραν ὑπὸ γῆν ἔκρυψε, καὶ τὸν κυοφορηθέντα παῖδα Τιτυὸν ὑπερμεγέθη εἰς φῶς ἀνήγαγεν. Οὗτος ἐρχομένην εἰς Πυθὼ Λητὼ θεωρήσας, πόθῳ κατασχεθεὶς ἐπισπᾶται· ἡ δὲ τοὺς παῖδας ἐπικαλεῖται καὶ κατατοξεύουσιν αὐτόν. Κολάζεται δὲ καὶ μετὰ θάνατον· γῦπες γὰρ αὐτοῦ τὴν καρδίαν ἐν Ἅιδου ἐσθίουσιν. Apollon tua peu après Tityus, fils de Jupiter et d'Elare, fille d'Orchomène. Jupiter ayant joui d'elle, l'avait cachée sous terre, pour la soustraire à la colère de Junon ; et lorsqu'elle eut accouché, il fit sortir de la terre son fils Tityus, qui était d'une taille extraordinaire. Tityus allant à Pythos vit Latone, et en étant devenu amoureux, voulut la violer; elle appela à son secours ses enfants, qui le tuèrent à coups de flèches. Il subit une punition, même après sa mort, car des vautours lui rongent le cœur dans les Enfers.

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