<== Retour

PSYCHÉ, HÉROïNE D'UN CONTE RAPPORTÉ PAR APULÉE DANS SES MÉTAMORPHOSES

 

1- DANS UN PALAIS MERVEILLEUX, PSYCHÉ ENTEND LE CHANT D'UN CHOEUR INVISIBLE

Psyché, la fille d'un roi, était d'une si grande beauté qu'elle faisait fuir tous les prétendants. Se conformant à un oracle, les parents l'abandonnèrent en haut d'une montagne, où un monstre horrible devait venir en prendre possession. En fait, elle se retrouva dans un palais magnifique. Elle put prendre un bain et déjeuner, servie par des femmes invisibles. Puis un choeur de musiciens et de chanteurs, eux aussi invisibles, se fit entendre jusqu'à l'heure du coucher.

MBAO-

Nicolas Adolphe WEBER (1842-ap. 1886), Le réveil de Psyché

APULÉE, Métamorphoses, V, 3

Nec quemquam tamen illa videre poterat, sed verba tantum audiebat excidentia et solas voces famulas habebat. Post opimas dapes quidam introcessit et cantavit invisus, et alius citharam pulsavit, quae videbatur nec ipsa. Tunc modulatae multitudinis conferta vox aures eius affertur, ut, quamvis hominum nemo pareret, chorus tamen esse pateret. Finitis voluptatibus vespera suadente concedit Psyche cubitum.

Cependant, elle ne pouvait apercevoir personne; elle entendait seulement des mots qui tombaient d'on ne savait où, et elle n'avait pour servantes que des voix. Après un repas magnifique, il entra quelqu'un qui chanta, sans se montrer; quelqu'un d'autre joua d'une cithare qui ne se laissa pas voir davantage. Puis, les voix, entremêlées, de plusieurs chanteurs viennent frapper ses oreilles, lui révélant, bien que pas un être humain n'apparût, qu'il y avait pourtant bien là un choeur. Ces plaisirs terminés, Psyché, à l'invite du soir, se retira et se coucha.

 

LA FONTAINE, Les Amours de Psyché et de Cupidon (1669)
[…] Une musique de luths et de voix se fit entendre à l'un des coins du plafond, sans qu'on vît ni chantres ni instruments : musique aussi douce et aussi charmante que si Orphée et Amphion en eussent été les conducteurs. Parmi les airs qui furent chantés, il y en eut un qui plut particulièrement à Psyché : "Tout l'Univers obéit à l'Amour; / Belle Psyché, soumettez-lui votre âme./ Les autres dieux à ce dieu font la cour, / Et leur pouvoir est moins doux que sa flamme. / Des jeunes coeurs c'est le suprême bien / Aimez, aimez; tout le reste n'est rien."

 


2- PSYCHÉ DÉCOUVRE QUE CELUI QUI COUCHE AVEC ELLE EST NON PAS UN MONSTRE HIDEUX MAIS L'AMOUR

Alors, dans l'obscurité, le mari qu'on lui avait promis vint la posséder, en l'avertissant que, si elle tentait de voir qui il était, elle le perdrait à jamais. Cette vie dura quelques semaines. Puis, à sa prière, son mari la laissa retourner dans sa famille. Là ses soeurs lui firent avouer qu'elle n'avait jamais vu le "monstre"avec lequel elle passait ses nuits. Alors elles lui conseillèrent de profiter de son sommeil pour l'éclairer et l'égorger. Revenue dans son palais, Psyché tenta de mettre ce projet à exécution. C'est alors que la lueur de sa lampe lui révéla que son mari était, non pas un monstre, mais un bel adolescent pourvu de petites ailes, l'Amour.

MBAO-

Anonyme (fin XVIIe s.), Psyché découvrant l'Amour endormi, huile sur toile

Psyché, sur le conseil de ses soeurs, a pris un couteau pour égorger le "monstre"
qui la possède toutes les nuits. Mais c'est le beau et jeune Cupidon endormi que lui montre la lumière de sa lampe.

APULÉE, Métamorphoses, V, 20  

"Novaculam praeacutam adpulsu etiam palmulae lenientis exasperatam tori qua parte cubare consuesti latenter absconde, lucernamque concinnem completam oleo claro lumine praemicantem subde aliquo claudentis aululae tegmine, omnique isto apparatu tenacissime dissimulato, postquam sulcatum trahens gressum cubile solitum conscenderit iamque porrectus et exordio somni prementis implicitus altum soporem flare coeperit, toro delapsa nudoque vestigio pensilem gradum paullulatim minuens, caecae tenebrae custodia liberata lucerna, praeclari tui facinoris opportunitatem de luminis consilio mutuare, et ancipiti telo illo audaciter, prius dextera sursum elata, nisu quam valido noxii serpentis nodum cervicis et capitis abscide." […]

Prends un rasoir bien aiguisé, passe-le sur ta paume pour en adoucir et en assurer le fil et dissimule-le soigneusement du côté du lit où tu couches d'habitude. Puis prends une lampe commode, remplis-la d'huile de façon qu'elle donne une vive lumière et place-la sous une marmite qui la recouvre. Tiens tous ces préparatifs absolument secrets, et lorsque, traînant sa marche sinueuse,il sera monté, comme de coutume, sur le lit, qu'il se sera allongé et qu'enfoncé dans le premier sommeil il prouvera, par sa respiration, qu'il est profondément endormi, alors descends du lit, pieds nus, et, à petits pas, sur la plante des pieds, dégage la lampe de son voile de ténèbres et demande à sa lumière de te montrer le moment propice pour exécuter ton glorieux exploit : armée de ton arme à deux tranchants, lève d'abord le bras droit puis, d'un effort aussi violent que possible, tranche sans hésiter l'endroit où la tête de ce serpent malfaisant s'attache à son cou." […]

Vespera tamen iam noctem trahente praecipiti festinatione nefarii sceleris instruit apparatum. Nox aderat et maritus aderat primisque Veneris proeliis velitatus in altum soporem descenderat. Tunc Psyche et corporis et animi alioquin infirma fati tamen saevitia subministrante viribus roboratur, et prolata lucerna et adrepta novacula sexum audacia mutatur.

Lorsque le soir ramène la nuit, elle hâte, fébrilement, les préparatifs de son horrible forfait. La nuit était là et, avec elle, le mari et, après les premières escarmouches du désir, il était tombé dans un profond sommeil. Alors Psyché, dont le corps et l'âme ne sont que faiblesse, puisant pourtant des forces dans la cruelle volonté du destin, trouve de la vigueur, sort la lampe et, saisissant le rasoir, s'arme d'une audace qui n'est pas celle de son sexe.

Sed cum primum luminis oblatione tori secreta claruerunt, videt omnium ferarum mitissimam dulcissimamque bestiam, ipsum illum Cupidinem formonsum deum formonse cubantem, cuius aspectu lucernae quoque lumen hilaratum increbruit et acuminis sacrilegi novaculam paenitebat. At vero Psyche tanto aspectu deterrita et impos animi marcido pallore defecta tremensque desedit in imos poplites et ferrum quaerit abscondere, sed in suo pectore; quod profecto fecisset, nisi ferrum timore tanti flagitii manibus temerariis delapsum evolasset. Iamque lassa, salute defecta, dum saepius divini vultus intuetur pulchritudinem, recreatur animi. Videt capitis aurei genialem caesariem ambrosia temulentam, cervices lacteas genasque purpureas pererrantes crinium globos decoriter impeditos, alios antependulos, alios retropendulos, quorum splendore nimio fulgurante iam et ipsum lumen lucernae vacillabat; per umeros volatilis dei pinnae roscidae micanti flore candicant et quamvis alis quiescentibus extimae plumulae tenellae ac delicatae tremule resultantes inquieta lasciviunt; ceterum corpus glabellum atque luculentum et quale peperisse Venerem non paeniteret. Mais, dès que la lumière eut éclairé tout le mystère du lit, elle voit, de tous les monstres le plus charmant, le plus délicieux, l'Amour lui-même, le dieu de grâce, gracieusement étendu. A sa vue, la lumière même de la lampe se fit plus joyeuse et plus vive et le rasoir se repentit de son tranchant sacrilège. Mais Psyché, stupéfaite d'un tel spectacle, incapable de reprendre ses esprits, défaillante, toute pâle, tremblante, se laissa à tomber à genoux. Pour mieux cacher son fer, elle veut le plonger dans son sein;et l'effet eût suivi l'intention, si le poignard, comme effrayé de se rendre complice de l'attentat, n'eût échappé soudain de sa main égarée. Elle se livre au désespoir; mais elle regarde pourtant, et regarde encore les traits merveilleux de cette divine figure, et se sent comme renaître à cette contemplation. Elle admire cette tête radieuse, cette auréole de blonde chevelure d'où s'exhale un parfum d'ambroisie, ce cou blanc comme le lait, ces joues purpurines encadrées de boucles dorées qui se partagent gracieusement sur ce beau front, ou s'étagent derrière la tête, et dont l'éclat éblouissant fait pâlir la lumière de la lampe. Aux épaules du dieu volage semblent pousser deux petites ailes, d'une blancheur nuancée de l'incarnat du coeur d'une rose. Dans l'inaction même, on voit palpiter leur extrémité délicate, qui jamais ne repose. Tout le reste du corps joint au blanc le plus uni les proportions les plus heureuses. La déesse de la beauté peut être fière du fruit qu'elle a porté.

Mais l'Amour va être réveillé par une goutte d'huile tombée de la lampe.

LA FONTAINE, Les Amours de Psyché et de Cupidon
[…] Psyché demeura comme transportée à l'aspect de son époux. Dès l'abord, elle jugea bien que c'était l'Amour; car quel autre dieu lui aurait paru si agréable? Ce que la beauté, la jeunesse, le divin charme qui communique à ces choses le don de plaire, ce qu'une personne faite à plaisir peut causer aux yeux de volupté, et de ravissement à l'esprit, Cupidon en ce moment-là le fit sentir à notre héroïne. Il dormait à la manière d'un dieu, c'est-à-dire profondément, penché nonchalamment sur un oreiller, un bras sur sa tête, l'autre bras tombant sur les bords du lit, couvert à demi d'un voile de gaze, ainsi que sa mère en use, et les Nymphes aussi, et quelquefois les bergères. La joie de Psyché fut grande, si l'on doit appeler joie ce qui est proprement extase : encore ce mot est-il faible, et n'exprime pas la moindre partie du plaisir que reçut la belle. Elle bénit mille fois le défaut du sexe, se sut très bon gré d'être curieuse, bien fâchée de n'avoir pas contrevenu dès le premier jour aux défenses qu'on lui avait faites, et à ses serments.
Après ces réflexions, il lui prit envie de regarder de plus près celui qu'elle n'avait déjà que trop vu. Elle pencha quelque peu l'instrument fatal qui l'avait jusque là servie si utilement. Il en tomba sur la cuisse de son époux une goutte d'huile enflammée. La douleur éveilla le dieu. Il vit la pauvre Psyché qui, toute confuse, tenait sa lampe; et, ce qui fut de plus malheureux, il vit aussi le poignard tombé près de lui…

Alors l'Amour s'enfuira. Et, seule, abandonnée, Psyché tombera au pouvoir d'Aphrodite qui, jalouse de sa beauté, la persécutera de mille manières.


Pour comparaison :

Jean-Jacques LAGRENÉE, Psyché surprend l'Amour endormi, 1768, musée du Louvre



3- PSYCHÉ EST ADMISE DANS L'OLYMPE ET ÉPOUSE L'AMOUR

Mais finalement l'Amour, incapable de vivre séparé de Psyché, supplia Jupiter. Celui-ci consentit à sa demande, à condition qu'il épouse cette mortelle dont il avait pris la virginité. Mercure alla donc enlever Psyché et l'amena dans l'Olympe au milieu de tous les dieux. Là Psyché but une coupe d'ambroisie qui la rendit immortelle, fut accueillie par tous les dieux de l'Olympe. Mais Vénus contesta l'admission de Psyché parmi les immortels,
et l'Amour dut plaider à nouveau sa cause auprès de Jupiter qui, après avoir écouté les arguments de l'une et l'autre, va officialiser l'union de l'Amour avec Psyché.

MBAO-

Copie du panneau de Raphaël attribuée à Noël COYPEL (1628-1707), Psyché admise dans l'Olympe, huile sur toile

Scène de gauche :
Psyché (à gauche) est accueillie par Mercure qui lui tend la coupe d'ambroisie qui la rendra immortelle.

A l'arrière plan à gauche :
Janus, roi d'Italie, avec ses deux visages.
Vulcain, un marteau de forge sur l'épaule
Hercule, appuyé sur sa massue

Au premier plan en bas :
Un vieillard appuyé sur un sphinx (le Nil)
Un veillard appruyé sur un félin (le Tigre)

A l'arrière plan au centre :
Bacchus nu et couronné de pampres
Apollon
Mars, avec cuirasse et lance, coiffé d'un heaume surmonté d'un dragon

Scène de droite:
En présence de Vénus, qui conteste l'admission de Psyché parmi les immortels, l'Amour plaide sa cause auprès de Jupiter (un aigle à ses pieds) qui écoute les arguments de l'une et l'autre.

A droite, autour de Jupiter (de g. à dr.) :
Pluton muni d'une fourche (Cerbère à ses pieds)
Neptune tenant son trident
Junon (un paon à ses pieds)
Diane coiffé d'un croissant de lune
Minerve vêtue en guerrière

Le tableau de Raphaël à la Villa Farnesina de Rome (loggia de Psyché)

LA FONTAINE, Les Amours de Psyché et de Cupidon [Grâce à lui, nous savons ce que se sont dit Jupiter et Cupidon]
– Mon fils, lui dit Jupiter, ce que vous demandez pour votre épouse n'est pas une chose si aisée à accorder qu'il vous semble. Nous n'avons parmi nous que trop de déesses. C'est une nécessité qu'il y ait du bruit où il y a tant de femmes. La beauté de votre épouse étant telle que vous dites, ce sera des sujets de jalousie et de querelles, lesquelles je ne viendrai jamais à bout d'apaiser. Il ne faudra plus que je songe à mon office de foudroyant; j'en aurai assez de celui de médiateur pour le reste de mes jours. Mais ce n'est pas ce qui m'arrête le plus. Dès que Psyché sera déesse, il lui faudra des temples aussi bien qu'aux autres. L'augmentation de ce culte nous diminuera notre portion. Déjà nous nous morfondons sur nos autels, tant ils sont froids et mal encensés. Cette qualité de dieu deviendra à la fin si commune que les mortels ne se mettront plus en peine de l'honorer.
– Que vous importe? reprit l'Amour. Votre félicité dépend-elle du culte des hommes? Qu'ils vous négligent, qu'ils vous oublient, ne vivez-vous pas ici heureux et tranquille, dormant les trois quarts du temps, laissant aller les choses du monde comme elles peuvent, tonnant et grêlant lorsque la fantaisie vous en vient? Vous savez combien quelquefois nous nous ennuyons. Jamais la compagnie n'est bonne s'il n'y a des femmes qui soient aimables. Cybèle est vieille; Junon, de mauvaise humeur; Cérès sent sa divinité de province, et n'a nullement l'air de la Cour; Minerve est toujours armée; Diane nous rompt la tête avec sa trompe : on pourrait faire quelque chose d'assez bon de ces deux dernières; mais elles sont si farouches qu'on ne leur oserait dire un mot de galanterie. Pomone est ennemie de l'oisiveté, et a toujours les mains rudes. Flore est agréable, je le confesse; mais son soin l'attache plus à la terre qu'à ces demeures. L'Aurore se lève de trop grand matin, on ne sait ce qu'elle devient tout le reste de la journée. Il n'y a que ma mère qui nous réjouisse; encore a-t-elle toujours quelque affaire qui la détourne, et demeure une partie de l'année à Paphos, Cythère, ou Amathonte. Comme Psyché n'a aucun domaine, elle ne bougera de l'Olympe. Vous verrez que sa beauté ne sera pas un petit ornement pour votre Cour. Ne craignez point que les autres ne lui portent envie : il y a trop d'inégalité entre ses charmes et les leurs. La plus intéressée, c'est ma mère, qui y consent.
Jupiter se rendit à ces raisons, et accorda à l'Amour ce qu'il demandait : il témoigna qu'il apportait son consentement à l'apothéose par une petite inclination de tête qui ébranla légèrement l'Univers, et le fit trembler seulement une demi-heure.

 


4-POUR LES NOCES DE PSYCHÉ ET DE L'AMOUR UN GRAND BANQUET EST ORGANISÉ DANS L'OLYMPE

L'Amour ayant été autorisé à prendre Psyché pour épouse, les noces sont célébrées par un grand festin.

MBAO-

Copie réduite par Noël COYPEL de l'oeuvre de Raphaël, Les noces de Psyché dans l'Olympe

A gauche:
Pan jouant de la flûte
Apollon, presque nu, tenant sa lyre
Vénus couronnée de fleurs, un sein découvert, dansant gracieusement
Derrière eux, six Muses, dont Calliope (trompette de la poésie épique) et Thalie (masque sur la poitrine)
Puis:
Vulcain avec casque de mineur et marteau de forge, accompagné d'un putto portant un fût de canon (en fait il a été chargé de faire la cuisine)
Hercule nu, avec massue et tête du lion de Némée
Déjanire nue, son épouse

A la table (de g. à dr.)
Proserpine
Pluton
Amphitrite
Neptune
Junon

Jupiter, à qui son échanson Ganymède tend une coupe

A l'arrière-plan:
les trois Heures qui répandent des fleurs sur les dieux attablés

A droite:
Pyché et l'Amour, les nouveaux époux
Bacchus-Liber qui s'occupe du vin, aidé par deux amours
Les trois Grâces qui versent des parfums sur les mariés

 

APULÉE, Métamorphoses, VI, 24 [Liste des convives assistant aux noces de Psyché et de l'Amour]
Nec mora, cum cena nuptialis affluens exhibetur. Accumbebat summum torum maritus, Psychen gremio suo complexus. Sic et cum sua Junone Juppiter ac deinde per ordinem toti dei. Tunc poculum nectaris, quod vinum deorum est, Jovi quidem suus pocillator ille rusticus puer, ceteris vero Liber ministrabat, Vulcanus cenam coquebat. Horae rosis et ceteris floribus purpurabant omnia, Gratiae spargebant balsama, Musae quoque canora personabant. Tunc Apollo cantavit ad citharam, Venus suavi musicae superingressa formonsa saltauit, scaena sibi sic concinnata, ut Musae quidem chorum canerent, tibias inflaret Saturus, et Paniscus ad fistulam diceret. Sic rite Psyche convenit in manum Cupidinis et nascitur illis maturo partu filia, quam Voluptatem nominamus. Et aussitôt, on sert un magnifique repas de noces. Sur le lit d'honneur était le mari, tenant Psyché embrassée, et, de la même façon, Jupiter avec sa Junon et, ensuite, par ordre, tous les dieux. La coupe de nectar, qui est le vin des dieux, est présentée à Jupiter par son échanson, le petit paysan, les autres sont servis par Liber; Vulcain faisait la cuisine. Les Heures mettaient partout l'éclat pourpre des roses et d'autres fleurs, les Grâces répandaient des parfums, les Muses faisaient entendre une musique harmonieuse, Apollon chanta en s'accompagnant de la lyre, Vénus, au son d'une belle musique, dansa gracieusement, après s'être constitué un orchestre dans lequel les Muses chantaient en choeur, un Satyre jouait de la double flûte et un Pan du chalumeau. C'est ainsi que Psyché passa, selon les règles, sous la puissance de l'Amour, et, lorsque le moment fut venu, il leur naquit une fille, que nous nommons Volupté.

 

RAPHAEL, à la Villa Farnesina de Rome (loggia de Psyché)


<== Retour