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PHÉBUS AYANT CONFIÉ LE CHAR DU SOLEIL A SON FILS PHAETON, ZEUS EST OBLIGÉ D'INTERVENIR



Clyméné, une Océanide, avait trompé son mari, Mérops, et s'était donnée au Soleil, dont elle avait eu un fils, Phaéthon. Lorsque celui-ci, devenu adolescent, eut connaissance de son véritable père, il se rendit dans son palais. Phébus l'accueillit avec bienveillance, lui donna l'assurance qu'il était bien sonnpère et s'engagea à lui accorder ce que le jeune homme voudrait. Phaéthon demanda de conduire pendant un jour le char du Soleil. Phébus essaya de l'en dissuader, en lui montrant les difficultés de la tâche. Mais le jeune homme persista.

Felice GIANI (1758-1823), Apollon confiant le char du Soleil à Phaeton,
gouache, projet pour un décor de plafond.

Sortant de la nuit (en bas), Aurore est évoquée sous les traits d'une jeune femme ailée tenant une torche.
Dans la zone supérieure, déjà baignée de lumière, Phaéton remercie Hélios de la confiance
qu'il lui accorde en le laissant conduire le char du soleil et ses quatre chevaux.

OVIDE, Métamorphoses, II,

Ille refert: "O lux inmensi publica mundi,
Phoebe pater, si das usum mihi nominis huius,
nec falsa Clymene culpam sub imagine celat,
pignora da, genitor, per quae tua vera propago
credar, et hunc animis errorem detrahe nostris!"
Dixerat, at genitor circum caput omne micantes
deposuit radios propiusque accedere iussit
amplexuque dato 'nec tu meus esse negari
dignus es, et Clymene veros' ait 'edidit ortus,
quoque minus dubites, quodvis pete munus, ut illud
me tribuente feras! promissi testis adesto
dis iuranda palus, oculis incognita nostris."
vix bene desierat, currus rogat ille paternos
inque diem alipedum ius et moderamen equorum.
Paenituit iurasse patrem: qui terque quaterque
concutiens inlustre caput 'temeraria' dixit
'vox mea facta tua est; utinam promissa liceret
non dare! confiteor, solum hoc tibi, nate, negarem.
dissuadere licet: non est tua tuta voluntas!
magna petis, Phaethon, et quae nec viribus istis
munera conveniant nec tam puerilibus annis:
sors tua mortalis, non est mortale, quod optas.

Phaéthon répond: "O commun flambeau du monde immense, Phébus, ô mon père, si tu me permets de me servir de ce nom, si Clymène ne cache pas sa faute sous une invention mensongère, donne-moi, auteur de mes jours, des gages qui attestent que je suis vaiment issu de toi et chasse le doute de mon âme." Il avait dit. Son père déposa la couronne de rayons étincelants qui ceignait sa tête, lui ordonna d'approcher et, l'ayant embrassé: "Non, il ne serait pas juste, dit-il, que je te renie pour mon fils et Clymène t'a révélé ta véritable origine. Pour dissiper tes doutes, demande-moi la faveur que tu voudras; je suis prêt à te l'accorder; je prends à témoin de ma promesse le marais par lequel jurent les dieux et que mes yeux n'ont jamais vu." À peine avait-il achevé que Phaéton demande le char de son père et le droit de conduire pendant un jour ses chevaux aux pieds ailés. Le père s'est repenti de son serment; secouant trois ou quatre fois sa tête lumineuse: "Tes paroles, dit-il, ont rendu les miennes téméraires. Que ne puis-je manquer à ma promesse! Je l'avoue, c'est la seule chose, ô mon fils, que je te refuserais. Je puis au moins te dissuader; ton désir n'est pas sans danger; la tâche que tu demandes, Phaéton, est grande; elle ne convient ni à tes forces ni à ton jeune âge. Ton destin est d'un mortel, ton ambition d'un immortel.

 


Malgré les mises en garde de son père, Phaeton monta sur le char. Mais, presque aussitôt, il perdit le contrôle de l'attelage. Effrayé par l'altitude et la vue des animaux du Zodiaque, il descendit trop bas, mettant le feu à la terre, puis remonta trop haut, risquant une conflagration universelle avec les astres. Zeus dut intervenir et le foudroyer.

 

Attribué à Henri de FAVANNE (1668-1752), La chute de Phaéton, huile sur bois

Ovide, Métamorphoses, v. 304-322

At pater omnipotens, superos testatus et ipsum,
qui dederat currus, nisi opem ferat, omnia fato interitura graui, summam petit arduus arcem,
unde solet nubes latis inducere terris,
unde mouet tonitrus uibrataque fulmina iactat ;
sed neque quas posset terris inducere nubes
tunc habuit, nec quos caelo demitteret imbres :
intonat et dextra libratum fulmen ab aure
misit in aurigam pariterque animaque rotisque
expulit et saeuis conpescuit ignibus ignes.
Consternantur equi et saltu in contraria facto
colla iugo eripiunt abruptaque lora relinquunt :
illic frena iacent, illic temone reuulsus
axis, in hac radii fractarum parte rotarum
sparsaque sunt late laceri uestigia currus.
At Phaethon rutilos flamma populante capillos
uoluitur in praeceps longoque per aera tractu
fertur, ut interdum de caelo stella sereno
etsi non cecidit, potuit cecidisse uideri.

Alors le père tout puissant, ayant pris à témoin les dieux du ciel, même celui qui avait prêté son char, que le monde, s'il ne venait à son secours, allait périr victime d'un cruel destin, monte à ce sollet de l'emp^yrée d'où il a coutume d'étendre les nuages sur la vaste terre, d'où il agite le tonnette, d'où il brandit et lance la foudre. Mais alors il ne trouva point de nuages à étendre sur la terre, ni de pluies à répandre du ciel. Il tonne et, balançant la foudre du côté de son oreille droite, il l'envoie contre l'aurige; il lui enlève à la fois la vie et le char et arrête les progrès du feu sous ses feux terribles. Les chevaux épouvantés bondissent en sens contraire; ils retirent leur cou du joug, brisent leurs harnais e s'y dérobent. Ici gisent les rênes, là l'essieu arraché du timon; ailleurs sont épars sur un large espace les rayons des roues brisées et les restes du char mis en pièces. Phaéton, sa chevelure rutilante ravagée par la flamme, roule précipité à travers les airs, où il laisse en passant une longue traînée, semblable à celle que produit parfois une étoile au milieu d'un ciel serein, lorsque, sans tomber en effet, elle peut paraître tomber.

Phaéthon tomba dans le fleuve Éridan où ses cinq soeurs, les Héliades, lui rendirent les honneurs funèbres. Elles furent transformées en peupliers et leurs larmes donnèrent naissance à ces gouttes d'ambre dont les jeunes femmes du Latium font des parures.


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