Tangy VIEL
ENTRETIEN AVEC LE ROMANCIER TANGUY VIEL
Le jeudi 12 mars 2026 à 18 h.
Né à Brest en 1973, Tanguy Viel a vécu successivement à Bourges, Tours et Nantes, avant de s'installer près d'Orléans.
Il a été pensionnaire de la Villa Médicis en 2003-2004.
Il publie essentiellement aux éditions de Minuit
Les publications de Tanguy Viel:
1998 : Le Black Note
1999 : Cinéma
2000 : Tout s'explique : réflexions à partir d'"Explications" de Pierre Guyotat
2001 : L'Absolue Perfection du crime
2002 : Maladie
2006 : Insoupçonnable
2009 : Paris-Brest
2009 : Cet homme-là
2010 : Hitchcock par exemple
2010 : Un jour dans la vie
2013 : La Disparition de Jim Sullivan
2017 : Article 353 du Code pénal
2019 : Icebergs (essai)*
2019 : Travelling
2021 : La Fille qu'on appelle
2024 : Vivarium
* Icebergs est un "autoportrait scriptural" dans lequel Tanguy Viel approfondit son rapport intime à la littérature, dans lequel il cherche à comprendre comment l'écrivain parvient à fixer dans les mots "la rivière souterraine qui nous sert d'esprit".
Tanguy Viel dans le magazine Diacritik :
"J'ai commencé à écrire il y a vingt ans dans un épais brouillard, un tremblement aussi qui était sans doute assez proche de celui qui avait agité le Nouveau Roman. Je n'aurais pas pu alors déposer si nettement un nom propre ou même un nom de ville dans un roman. Quelque chose en moi flottait et mon langage flottait, incapable de faire le tour d'une chose avec la force du nom propre. Il faut les pieds bien ancrés dans le sol pour utiliser des noms propres. Et puis peu à peu, l'écriture a fini par faire ce que je lui demande depuis vingt ans : me déposer sur un sol, s'approcher des choses, les circonscrire dans le langage. Mais ce n'est pas un changement de vision, c'est seulement une confiance augmentée, travaillée au fil du temps, dans les liens du langage avec le monde. Peu à peu je parviens à habiter une langue qui a ses connivences dans le réel, qui s'ouvre à sa propre confiance, presque transitive. Les mots et les choses se reconnectent et la vie circule des uns aux autres."
Diacritik, n° du 3 janvier 2017
https://diacritik.com/2017/01/03/tanguy-viel-il-faut-etre-resolument-idiot-au-moment-ou-on-se-met-a-ecrire-et-meme-plus-quidiot-animal-vegetal-sauvage-moleculaire-le-grand-entretien/
Réponse de Tanguy Viel à Roger-Michel Allemand :
"Je trouve l'idée de postmodernité de plus en plus juste. Non pas vraiment le recyclage des codes, mais ce sentiment que nous arrivons « après », que toutes les histoires ont été jouées et surtout déjouées, que nous appartenons à un monde de spectres, entièrement reconstitué, parce qu'entièrement détruit avant nous : peut-être il faudrait lire le xxe siècle comme ça, comme la mise à sac de trente siècles de littérature. Alors depuis quelques années, nous puiserions sur ce champ de ruines, dans lequel nous avons à disposition une sorte de capital global de figures à réassembler. Si la postmodernité peut ressembler à ça, alors oui, nous y sommes."
Dans "Tanguy Viel : imaginaire d'un romancier contemporain", @nalyses, vol. 3, no 3, automne 2008, p. 125.
Alice Richir :
La question "qui parle ?" dans les romans de Tanguy Viel a tendance à être éludée par l'identification d'un narrateur homodiégétique qui est, de surcroît, le personnage principal de l'histoire. Cette réponse spontanée ne résiste toutefois pas à une lecture plus attentive de l'oeuvre de cet auteur. Chez Viel, l'énonciation n'est jamais transparente, l'identification jamais unilatérale. Toute tentative pour déterminer l'identité de l'instance en charge de la narration met bien vite au jour les traces linguistiques d'une présence subjective autre que celle du narrateur identifié. En effet, l'univocité de la voix narrative est rapidement mise en doute par le caractère indéterminé du narrateur qui l'assume, ainsi que par le fait que la parole de celui-ci est constamment hantée par d'autres voix dont l'origine demeure incertaine. Il s'agira dans cet article de déplier progressivement cette question de l'attribution de la narration, en commençant par interroger la nature de la figure en charge de celle-ci pour, ensuite, identifier les procédés déployés au service d'une telle entreprise de subversion de la mise en récit.
Alice Richir, Hétéogénéisation de l'énonciation dans l'oeuvre de Tangy Viel, Tangence, (105), 55–68. Article à lire sur Internet : https://doi.org/10.7202/1030446ar
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